Dr Gérard Toubel
Dermatologue
Rennes
On trouve actuellement de nombreux appareils domestiques utilisant la lumière pour détruire nos trop nombreux poils inesthétiques. Le principe de fonctionnement de ces appareils essaye de reprendre celui qui est utilisé chez les médecins par de grosses machines onéreuses (70.000 euros) mais dont l’efficacité n’est plus à prouver. L’éventail de ces appareils inclut de vrais petits lasers et des lampes pulsées (I.P.L.).L’argument commercial met en avant des longueurs d’onde efficaces sur le poil, une facilité d’emploi à domicile et un prix attractif.
Par contre peu de systèmes ont fait l’objet d’évaluations cliniques avec des publications dans des revues à comité de lecture. On trouve même des publications sérieuses (Town GA Cosmetic Laser Therapy 2007) qui ne retrouvent pas les caractéristiques décrites dans les brochures de beaucoup de systèmes :
- Il existe des différences importantes d’une lampe flash à l’autre sur le plan de la distribution spectrale de la lumière émise.
- L’étude de l’émission spectrotemporelle montre que certaines I.P.L. ne délivrent leur énergie effective que pendant un cinquième de leur durée d’émission.
- Certaines machines émettent une fluence trop basse pour entraîner un effet thérapeutique (on ne doit pas rêver : une lampe de poche même avec un filtre spécial ne peut pas servir d’appareil épilatoire)
La situation réglementaire de ces systèmes est confuse, mais l’irruption de « grandes » marques dans le marché de la consommation va augmenter la sensibilisation du grand public aux dispositifs lasers et lampes pulsées pour l’épilation.
Il faut tout de même remarquer que l’utilisation de ces dispositifs est encouragée par les médecins aux U.S.A. pour maintenir les résultats entre deux séances au cabinet.
Actuellement le choix n’est pas si vaste :
- Pour les vrais lasers deux appareils émettant à 808 et 810 nm, le TRIA (Spectragenics) et le RIO scanning laser, retiennent notre attention. Leur gros point faible se trouve dans la taille du spot trop petit pour traiter rapidement une grande surface comme une jambe ou un dos.
- Par contre avec les I.P.L. on aura une bonne surface de travail (ex : 6 cm2) mais parfois avec un temps d’attente important entre deux flashs. Ici le choix est plus important mais pour avoir une bonne puissance il faudra un appareil un petit peu volumineux, en effet pour produire et emmagasiner une certaine quantité de lumière efficace cela implique une technologie qui prend de la place et qui a un certain prix. Citons l’appareil SILK’N (U.S.A.) assez petit mais avec une fluence bien faible, le PHILIPS SATIN LUXE avec aussi une fluence bien faible, le I-PULSE PERSONAL (G.B.) vendu chez Boots et bien sur le E-ONE (F) de la société E-Swin.
Il existe d’autres appareils en dehors de ceux cités plus haut mais leurs caractéristiques ne doivent pas retenir notre attention.
Il faut être réaliste et ne pas croire tous les dépliants commerciaux mais il est intéressant de se brancher sur certains sites de consommateurs sur le web qui parlent des déconvenues avec leur dernière machine et même de quelques repousses paradoxales que l’on connaît très bien et qui surviennent lorsqu’on utilise des fluences trop faibles avec n’importe quelle machine.
Il est regrettable qu’on ne demande pas à ces industriels un estampillage « CE médical » car on aurait moins d’écart entre les puissances réelles et celles avancées dans leur brochures publicitaires.
Pour conclure on peut affirmer qu’il existe une certaine non-repousse avec ces appareils mais cela n’a rien à voir avec les résultats obtenus avec les machines réservées aux médecins.